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Les bienfaits de rester debout pour le corps et l’esprit
Et si rester debout n’était pas qu’une posture, mais un choix existentiel ? Entre science et philosophie, découvrez pourquoi la verticalité change tout et comment rester debout peut vous transformer.
Sommaire
Nos modes de vie modernes nous poussent à passer d’innombrables heures assis, que ce soit au bureau, en voiture ou devant nos écrans. Or, rester assis trop longtemps nous fait du tort et ce n’est pas une simple figure de style. Des études l’ont montré : la sédentarité prolongée est associée à une hausse significative des problèmes de santé. Par exemple, les employés de bureau restent en moyenne 5h30 par jour assis, et cette inactivité serait responsable de 27 % des cas de diabète et de 95 % des douleurs dorsales.
L’organisme humain n’est tout simplement pas conçu pour l’immobilité prolongée : la circulation sanguine ralentit, le métabolisme tourne au ralenti et la posture se dégrade.
Face à ce constat, de plus en plus de voix s’élèvent pour défendre les vertus d’une position plus active. Et si la solution était de se lever plus souvent ? Quels bénéfices peut-on réellement attendre du fait de rester debout régulièrement, non seulement pour notre santé physique, mais aussi pour notre bien-être mental et même notre rapport au monde ? Inspirons-nous à la fois de la science et de la philosophie pour explorer la question.
De plus en plus de personnes adoptent des bureaux Assis Debout ou cherchent à travailler debout par moments, afin de contrebalancer les méfaits d’un mode de vie trop sédentaire. Il est vrai que la position debout sollicite davantage notre corps : elle engage les muscles posturaux, stimule la circulation et incite à bouger plus fréquemment. Contrairement à la station assise immobile, rester sur ses pieds évite l’inactivité totale des membres inférieurs. La popularité récente des bureaux ajustables en hauteur s’explique donc par un objectif simple : nous remettre sur nos pieds pour mieux préserver notre santé. Mais concrètement, quels sont les bienfaits d’une telle verticalité au quotidien ?
Se lever : un atout pour la santé physique
Passer de la chaise à la position debout apporte d’abord des bénéfices physiologiques notables. Lorsque l’on reste debout, le poids du corps est réparti différemment et sollicite de nombreux muscles pour nous maintenir en équilibre. Cela peut sembler anodin, mais ces micro-efforts posturaux ont des effets positifs sur notre organisme :
1. Meilleure dépense calorique
Le simple fait d’être sur nos pieds augmente légèrement la dépense énergétique. Une méta-analyse de 46 études a calculé que l’on brûle en moyenne 0,15 calorie de plus par minute en restant debout plutôt qu’assis. Sur une journée de travail, cela représente environ 50 kcal supplémentaires. Certes, c'est modeste car cela représente l’équivalent d’une petite collation, mais non négligeable sur le long terme pour contrer le surplus calorique lié à l’inactivité. Surtout, être debout évite le métabolisme excessivement bas de la posture assise prolongée, qualifiée par certains de “nouveau tabagisme” tant ses effets sont délétères sur la santé.
2. Moins de troubles musculo-squelettiques
Alterner régulièrement en position debout permet de soulager la pression continue sur la colonne vertébrale et les disques intervertébraux qu’impose la station assise. On réduit ainsi le risque de douleurs lombaires chroniques et de raideurs articulaires. De fait, rester assis trop longtemps est associé à une multitude de problèmes musculo-squelettiques, du mal de dos aux cervicalgies. Se lever, ne serait-ce que quelques minutes par heure, diminue les tensions dans le bas du dos et renforce les muscles des jambes et du dos en les faisant travailler davantage. Beaucoup de kinésithérapeutes et médecins du travail recommandent ainsi de varier les postures pour éviter l’atrophie de certains muscles et les déséquilibres corporels.
3. Une meilleure circulation sanguine
En position assise, notamment avachie, la compression des vaisseaux et le manque de mouvement ralentissent la circulation. À l’inverse, se tenir debout favorise un flux sanguin plus vigoureux, en particulier dans les membres inférieurs, grâce à l’action de pompe musculaire dans les mollets. Cela peut prévenir en partie l’engourdissement des jambes et le gonflement des pieds en fin de journée. Attention toutefois : il ne s’agit pas de rester immobile comme une statue pendant des heures. Une étude australienne récente sur 83 000 personnes a montré que la station debout strictement statique et prolongée n’apportait pas de bénéfice notable sur le risque cardiovasculaire, et pouvait même causer des troubles veineux (stagnation du sang, varices) si elle n’est pas ponctuée de mouvements. La clé réside donc dans l’alternance et le mouvement, nous y reviendrons. Néanmoins, lorsqu’on compare à la position assise qui elle coupe presque totalement l’activité musculaire des jambes, on comprend que rester debout (et mobile) est bien plus sain pour notre système circulatoire.
4. Une posture corporelle améliorée
Se tenir debout encourage à adopter une posture plus droite, surtout si on ajuste correctement son environnement (écran à bonne hauteur, pieds écartés à largeur des épaules, genoux déverrouillés). Une bonne posture debout aligne la tête, le cou, les épaules et le dos de manière naturelle, ce qui préserve l’alignement musculo-squelettique. À long terme, cela aide à éviter les déformations liées au dos courbé et aux épaules voûtées. Comme l’explique la spécialiste Laura Deon, distribuer équitablement son poids debout permet au corps de fonctionner efficacement avec moins de contraintes sur les articulations et les os. Résultat : moins de douleurs chroniques et de risques de blessures liées aux tensions accumulées. Maintenir une bonne posture en position debout peut ainsi contribuer à prévenir les maux de dos et de nuque qui frappent tant de travailleurs sédentaires.
En somme, se lever régulièrement au cours de la journée de travail réactive le corps. Cela ne remplace pas une activité physique réelle, mais c’est un moyen simple de sortir votre organisme de la torpeur métabolique. Un médecin de la clinique Mayo recommande même à ses patients de changer de position aussi souvent que possible : “Se lever, ne serait-ce que pour aller jeter un papier à la corbeille, est bénéfique” insiste-il. Ces micro-pauses actives, ajoutées bout à bout, soulagent votre corps et vous gardent en meilleure forme.
Un esprit plus alerte grâce à la posture debout
Les bienfaits de rester debout ne s’arrêtent pas au corps : notre esprit profite aussi de la verticalité. Qui n’a pas ressenti ce petit coup de fatigue après des heures passées affalé sur une chaise ? À l’inverse, se redresser ou travailler debout procure souvent une sensation de regain d’énergie et de vigilance. La science commence à expliquer ce phénomène : en adoptant une posture debout ou simplement plus droite, nous envoyons des signaux positifs à notre cerveau.
Des chercheurs en psychologie ont montré que la posture influence notre état mental. Par exemple, se tenir droit quelques minutes suffirait à améliorer la confiance en soi et à réduire le stress perçu. Une étude célèbre de Carney et Cuddy (2010) a suggéré qu’adopter une “posture de puissance” (dos droit, épaules ouvertes) modifie temporairement notre biochimie hormonale et nos prises de décision. Sans aller jusqu’à imiter Superman au milieu de l’open-space, on peut retenir qu’une posture redressée influe sur notre niveau d’énergie psychique. En clair, une personne voûtée aura tendance à douter et à broyer du noir plus qu’une personne bien campée sur ses pieds.
Au-delà de la confiance en soi, la position debout semble favoriser une meilleure clarté mentale. En travaillant debout à son bureau, on lutte contre l’engourdissement cognitif qui guette lors des longues stations assises statiques. La posture debout encourage un léger engagement musculaire constant, qui peut contribuer à nous garder en alerte. D’après un article publié par National Geographic, avoir une bonne posture (donc ne pas être avachi) permettrait même "de penser plus clairement". Les auteurs expliquent qu’en libérant la cage thoracique et le diaphragme, on respire mieux, on oxygène davantage le cerveau, ce qui se traduit par une meilleure cognition et concentration. Qui plus est, rester debout évite la somnolence post-prandiale qui survient souvent quand on est assis confortablement après le déjeuner – debout, on ressent moins cette envie de sieste, le corps donnant naturellement un tonus plus élevé.
Historiquement, de nombreux penseurs ont intuitivement compris le lien entre position du corps et acuité de l’esprit. Le philosophe allemand Nietzsche, grand marcheur devant l’Éternel, affirmait ainsi que "Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur". Pour lui, l’exercice et la posture debout en mouvement étaient indissociables de la créativité intellectuelle. De même, on raconte qu’Aristote enseignait à ses élèves en arpentant les allées de son école d’Athènes, plutôt qu’assis sur une chaise – la philosophie en mouvement, déjà. Sans forcément filer le marathon, on peut retenir que notre cerveau aime que le corps bouge ou se tienne actif. Se lever permet de "débloquer" les idées, de sortir d’une certaine passivité. Beaucoup de travailleurs en témoignent : passer en position debout pour téléphoner ou réfléchir à un problème important donne souvent l’impression d’être plus dynamique et réactif.
En restant debout, on adopte en somme une posture d’engagement – du corps et de l’esprit. On ne subit plus la gravité affalé, on lui résiste. Cela peut même avoir une portée symbolique au quotidien : faire face aux tâches debout, c’est se mettre en disposition active et volontaire, plutôt que passive. Cette attitude mentale plus positive améliore potentiellement la productivité et l’humeur. D’après Praveen Mummaneni, chirurgien de la colonne vertébrale, une bonne posture favorise "une plus grande énergie, une meilleure cognition et une plus grande confiance en soi". Ce sont trois éléments qui se renforcent mutuellement pour nous faire aborder la journée avec plus d’aplomb.
Debout : une philosophie de la verticalité et de la dignité
Au-delà des chiffres et des considérations de santé, rester debout revêt un sens profond dans l’imaginaire humain. La position verticale est intimement liée à notre condition d’êtres humains. L’étymologie du mot anthropos en grec ancien renverrait d’ailleurs à cette idée : "celui qui se tient droit", l’homme dressé entre le ciel et la terre. Contrairement aux autres animaux, l’Homme marche et vit debout, le regard horizontal porté vers l’horizon et la tête tournée vers le haut. Depuis l’Antiquité, on y voit un symbole de notre aspiration à s’élever au-dessus de la simple animalité, à relier la terre et le ciel par notre verticalité physique et spirituelle. Debout, nous prenons notre place dans le monde, fièrement campés sur nos pieds, libres de nos mouvements et de notre direction.
Être "debout" possède ainsi une forte charge symbolique dans presque toutes les cultures. En français, de nombreuses expressions traduisent cette valeur : on dit d’une personne courageuse qu’elle "reste debout" face aux épreuves, ou qu’un individu intègre est “droit dans ses bottes”. À l’inverse, ce qui “ne tient pas debout” manque de solidité et de crédibilité. La verticalité est associée à la dignité et à la force de caractère. Le poète Alphonse de Lamartine le formulait magnifiquement : "La plus belle attitude de l’homme, c’est de se tenir debout devant ses semblables, à genoux devant Dieu". Dans cette phrase, Lamartine suggère que se tenir debout, particulièrement devant ses pairs, est l’attitude qui honore le mieux la condition humaine – debout signifiant ici la noblesse, l’indépendance et le respect de soi. (Quant à s’agenouiller, ce serait uniquement devant le divin, par humilité, mais jamais devant un autre homme.) Sans aller sur le terrain théologique, on comprend l’idée : rester debout, c’est refuser la soumission et affirmer sa dignité d’homme libre.
Les philosophes existentiels du XXème siècle ont également fait de la posture debout une métaphore de la condition humaine. On pense à Albert Camus, qui voyait dans le fait de "faire face" et de "rester debout" une forme d’honneur et de courage dans un monde absurde. "Notre honneur d’homme : faire face, rester debout et agir. L’absurde ne rend pas inutile le courage" écrit-il ainsi dans Le Mythe de Sisyphe. Se tenir debout, ici, c’est persister à affirmer un sens et des valeurs malgré l’absurdité de la vie. C’est refuser de plier l’échine, de capituler moralement. Camus nous invite à imaginer Sisyphe heureux, poussant éternellement son rocher mais debout dans sa révolte, trouvant dans cet effort absurde une forme de réalisation de soi. La station debout devient alors un acte philosophique : celui de l’insoumission, de la liberté intérieure qui ne se courbe pas devant l’adversité. On est bien au-delà de la simple posture physique – il s’agit d’une attitude face à l’existence.
Cette association de la verticalité avec la liberté et la résistance se retrouve dans de nombreuses luttes sociales et politiques. "Se lever" contre l’injustice, "se dresser" pour défendre ses droits : les métaphores ne manquent pas. Martin Luther King prononçait : " Si tu ne peux pas voler, cours. Si tu ne peux pas courir, marche. Si tu ne peux pas marcher, rampe – mais surtout, ne t’arrête jamais d’avancer". Avancer, se tenir debout, c’est refuser la stagnation qui serait synonyme de renoncement. De même, l’image des peuples "debout" est utilisée pour symboliser la révolution et l’émancipation (songeons au "Debout les damnés de la terre" de L’Internationale).
Ainsi, rester physiquement debout au quotidien peut aussi être vu comme un rappel de ces valeurs. Chaque fois que nous nous mettons debout, nous renouons avec ce trait fondamental de l’humanité : la conscience fière et autonome, la capacité à regarder loin devant nous et à nous élever – ne serait-ce que de quelques centimètres – au-dessus du sol matériel. C’est un ancrage dans le sol (par nos pieds) mais aussi une élévation vers nos aspirations (par notre tête qui touche les nuages, symboliquement). En ce sens, on pourrait dire que tenir debout, c’est un état d’esprit. C’est choisir la vitalité contre la résignation, l’action contre l’inertie.
Trouver le bon équilibre : bouger, alterner, respirer
Convaincus des bienfaits de rester debout, devons-nous pour autant proscrire totalement la position assise ? Bien sûr que non. L’objectif n’est pas de passer nos journées figés debout, ce qui pourrait à son tour causer fatigue excessive et problèmes circulatoires. La véritable clé, c’est l’équilibre entre les postures et surtout l’introduction de mouvement dans nos routines. Ni la position assise prolongée, ni la position debout immobile ne sont idéales – ce sont deux extrêmes statiques. L’enjeu est de sortir régulièrement de ces statiques. Comme le résume le Dr Matthew Ahmadi, auteur principal de l’étude australienne mentionnée plus haut : "Rester debout trop longtemps ne compense pas un mode de vie sédentaire et peut être risqué pour certaines personnes… Le message clé est d’encourager le mouvement régulier plutôt que des positions statiques prolongées". En d’autres termes, ni la chaise ni le tapis anti-fatigue ne vous sauveront si vous restez planté sans bouger. Ce qu’il faut, c’est bouger peu mais souvent.
Dans la pratique, comment intégrer cette philosophie du mouvement au quotidien ? Voici quelques pistes simples à mettre en œuvre :
1. Alternez assis et debout fréquemment
Idéalement, il convient d'alterner ses positions toutes les 30 minutes. Si vous travaillez chez vous ou dans un bureau équipé, utilisez un bureau ajustable en hauteur pour changer de posture régulièrement. À défaut, improvisez : profitez de chaque occasion pour vous lever (appels téléphoniques passés debout, réunion debout de 5 minutes, etc.). Vous pouvez régler une alarme douce toutes les demi-heures comme rappel de "pause mouvement".
2. Saisissez chaque occasion de marcher
Plutôt que d’envoyer un e-mail à un collègue dans la pièce d’à côté, levez-vous et allez lui parler. Allez prendre un verre d’eau toutes les heures, faites le tour de l’open-space ou de votre salon pendant une minute. Ces brèves marches stimulent votre circulation et délient vos muscles. De même, privilégiez les escaliers à l’ascenseur quand c’est possible et ainsi, vos jambes vous en remercieront.
3. Aménagez votre espace pour encourager la station debout
Si vous le pouvez, investissez dans un bureau Assis Debout ou un autre type de support surélevant votre ordinateur. Cela vous permettra d’alterner plus facilement. Veillez à avoir un bon tapis de sol ou des chaussures confortables si vous restez longtemps debout. À la maison, des activités quotidiennes comme lire le journal, discuter au téléphone ou même regarder une vidéo peuvent se faire debout. L’idée est de démocratiser la position debout dans votre vie, au lieu de l’associer uniquement aux moments d’effort.
4. Écoutez votre corps
La posture debout doit être dynamique. N’hésitez pas à bouger votre poids d’une jambe sur l’autre, faire quelques étirements discrets, fléchir légèrement les genoux de temps en temps. Si vous sentez une fatigue dans les jambes, repassez en position assise pour reposer vos muscles. L’objectif n’est pas la performance, mais le bien-être général. Alterner debout/assis doit vous faire sentir mieux, pas vous épuiser.
En définitive, rester debout offre de multiples bienfaits lorsqu’on l’intègre intelligemment à son mode de vie. Sur le plan physique, cela combat la sédentarité qui menace notre santé en réveillant nos muscles, en améliorant notre posture et en protégeant en partie notre système cardiovasculaire. Sur le plan mental, la position debout nous rend plus alertes, plus confiants et peut-être plus créatifs, en plus de porter une symbolique forte de liberté et de dignité. Mais comme toujours, la vertu se trouve dans la mesure : il s’agit d’adopter une attitude posturale équilibrée, faite de mouvements et de changements de positions réguliers. Ni complètement assis, ni rigoureusement debout, mais vivant et mobile. Après tout, la vie est mouvement. À l’image de nos lointains ancêtres hominidés qui ont fait le choix de la bipédie il y a quelques millions d’années, nous avons tout intérêt aujourd’hui à nous rappeler de nous lever et marcher. Pour notre corps, pour notre esprit et pour mieux faire face, chaque jour, aux défis de l’existence en restant debout, tout simplement.
Sources :
Clinique OPS : 10 conseils pour améliorer sa posture.
National Géographic : Adoptez une meilleur posture pour améliorer votre santé générale. Juillet 2025
Futurama : Travaillez debout, Ces avantages et combien de calories peut-on perdre.