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Quand je reste trop longtemps assise ?
Rester assise trop longtemps nuit à la santé des femmes : douleurs, diabète, risques cardiaques et cancers s’intensifient avec la sédentarité.
Sommaire
Un télétravailleur en position assise prolongée devant son écran d'ordinateur, illustrant la sédentarité quotidienne.
Rester assise trop longtemps peut avoir de graves conséquences sur la santé. De nombreuses études relient la sédentarité à une augmentation du risque de maladies chroniques potentiellement mortelles (certains cancers, obésité, maladies cardio-vasculaires, voire démences).
En France, on estime même que 95 % de la population est exposée à une détérioration de sa santé à cause d’un manque d’activité physique combiné à un temps assis prolongé. Les femmes sont particulièrement concernées : plus d’une Française sur trois (41 %) n’atteint pas les niveaux d’activité physique recommandés par l’OMS, ce qui les expose d’autant plus aux effets néfastes de la sédentarité à long terme.
Ci-dessous, nous passons en revue les principaux risques pour la santé liés à une posture assise prolongée chez les femmes, en insistant sur les conséquences à long terme.
Troubles musculosquelettiques et douleurs posturales
Une position assise statique et prolongée affecte l’appareil musculosquelettique (muscles, articulations, colonne vertébrale), entraînant divers troubles à long terme :
Douleurs lombaires et risques de hernie discale : La pression exercée sur les disques intervertébraux augmente fortement en position assise – jusqu’à 200 % du poids du haut du corps en cas de mauvaise posture –, favorisant les lombalgies chroniques, les dégénérescences discales et même l’apparition de hernies. Ces contraintes répétées sur la colonne peuvent aboutir à des lésions irréversibles du dos.
Raideurs de la nuque et des épaules : Une posture voûtée, tête penchée vers l’avant, provoque des tensions constantes dans le cou et le haut du dos. À terme, cela engendre des douleurs cervicales, des épaules nouées et peut même contribuer à des maux de tête chroniques. Ce stress postural continu perturbe l’alignement naturel de la colonne cervicale.
Fléchisseurs de hanches crispés et fonte musculaire : L’inactivité prolongée affaiblit les muscles du bas du corps. Rester assise de longues heures raccourcit les muscles fléchisseurs de hanche et affaiblit les fessiers ainsi que les quadriceps. On observe alors une perte de flexibilité et une atrophie musculaire progressive au niveau des jambes, ce qui réduit la stabilité et augmente le risque de blessures. En somme, la posture assise prolongée contribue aux troubles musculo-squelettiques (TMS) par déséquilibres musculaires et articulaires répétés.
Risques cardio-vasculaires et troubles circulatoires
La sédentarité due à une position assise prolongée a un impact majeur sur le système cardio-vasculaire et la circulation sanguine :
Hypertension et maladies cardiaques : L’inactivité prolongée nuit au cœur et aux vaisseaux. Le manque de mouvement réduit la stimulation des artères : leur diamètre tend à diminuer, ce qui favorise l’hypertension artérielle au fil du temps. Des travaux scientifiques ont montré qu’une personne passant la majeure partie de ses journées assise encourt un risque beaucoup plus élevé de développer des maladies cardiaques (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque…) ou des accidents vasculaires cérébraux sur le long terme. En chiffres, la sédentarité pourrait augmenter de 147 % le risque de pathologie cardio-vasculaire par rapport à une activité normale.
Mauvaise circulation, jambes lourdes et varices : La position assise prolongée ralentit le retour veineux depuis les membres inférieurs. Le sang stagne dans les jambes, ce qui provoque des gonflements (œdèmes) et une sensation de jambes lourdes. À long terme, cette insuffisance circulatoire favorise l’apparition de varices – des veines dilatées et saillantes dans les jambes. Bien que bénignes en elles-mêmes, ces varices sont inesthétiques et reflètent un trouble de la circulation. Dans de rares cas, des complications plus graves peuvent survenir, comme la formation de caillots sanguins au sein de ces veines variqueuses.
Thrombose veineuse profonde (phlébite) : Rester assise sans bouger pendant de très longues périodes augmente le risque de thrombose veineuse profonde, c’est-à-dire la formation d’un caillot dans une veine profonde de la jambe. Si ce caillot se détache, il peut migrer et obstruer l’artère pulmonaire (embolie pulmonaire), une complication potentiellement mortelle. Ce risque de phlébite guette notamment lors des voyages prolongés en avion ou en voiture sans pauses actives. Les femmes présentant d’autres facteurs (tabagisme, contraception hormonale, etc.) doivent se montrer d’autant plus vigilantes face à ce danger.
Conséquences métaboliques : prise de poids et diabète
Au-delà du cœur, la sédentarité due à la posture assise prolongée impacte fortement le métabolisme et l’équilibre pondéral sur le long terme :
Prise de poids et obésité abdominale : En position assise, la dépense énergétique du corps chute au minimum. Sur le long terme, cette faible dépense quotidienne favorise le stockage de graisses. On observe ainsi une prise de poids progressive, en particulier une accumulation de graisse viscérale au niveau de l’abdomen. Ce tissu adipeux abdominal, stimulé par l’inactivité, est associé à un état inflammatoire chronique délétère. Même chez une personne qui mange normalement, le simple fait de rester assise de longues heures chaque jour accroît le risque de surpoids et d’obésité.
Syndrome métabolique et diabète de type 2 : La sédentarité prolongée est corrélée à un risque significativement accru de syndrome métabolique (hypertension, excès de tour de taille, déséquilibres lipidiques, etc.) et de diabète. En particulier, le fait de rester assise plus de 7–8 heures par jour a été associé à une hausse de 112 % du risque de diabète de type 2 par rapport à un mode de vie actif. L’absence de contraction musculaire pendant des heures réduit la sensibilité à l’insuline. Des chercheurs ont constaté que seulement cinq jours passés allongé (inactivité extrême) suffisent à induire une hausse mesurable de la résistance à l’insuline, signe précurseur du diabète. Sur le long cours, ce manque d’activité physique quotidienne épuise la régulation de la glycémie et peut déclencher un diabète chez les personnes prédisposées.
Impact sur la santé mentale
Les effets d’une posture assise prolongée ne se limitent pas au corps : ils touchent aussi le cerveau et le bien-être psychologique. Bien que moins visibles, ces conséquences mentales méritent attention sur le long terme :
Humeur dépressive et anxiété : Plusieurs études suggèrent un lien entre forte sédentarité et troubles de l’humeur. Les femmes qui passent le plus de temps assises ont un risque accru de dépression et d’anxiété par rapport aux plus actives. L’hypothèse avancée est que le manque d’activité prive le cerveau des bénéfices neurochimiques de l’exercice (endorphines, réduction du stress oxydatif…), ce qui peut favoriser l’émergence de symptômes dépressifs ou anxieux sur le long terme. En outre, l’isolement social lié à la sédentarité (ex. journées de télétravail sédentaire) peut aggraver ce mal-être psychologique.
Fatigue chronique et baisse de vitalité : Rester assise trop longtemps tend aussi à diminuer l’énergie globale. La faible mobilisation musculaire ralentit la circulation sanguine et le métabolisme, pouvant entraîner une fatigue générale persistante. Beaucoup de femmes sédentaires rapportent un sentiment de léthargie en fin de journée, même sans effort particulier fourni. On observe également une baisse de la productivité et de la concentration au travail en position assise prolongée – conséquence d’une moindre oxygénation du cerveau et d’une monotonie posturale. Sur le long terme, cette fatigue accumulée peut altérer la qualité de vie et le bien-être général.
Augmentation du risque de certains cancers
Parmi les conséquences à long terme les plus sérieuses de la sédentarité figure l’augmentation du risque de cancer. Bien sûr, rester assise ne provoque pas directement le cancer, mais de nombreuses données épidémiologiques révèlent une corrélation entre sédentarité chronique et incidence de certains cancers. En particulier, les personnes restant assises de très longues heures auraient une probabilité plus élevée de développer des cancers du côlon, du poumon ou encore de l’utérus (cancer de l’endomètre). Par exemple, un mode de vie sédentaire est associé à davantage de cancers colorectaux comparé à un mode de vie actif. De même, chez les femmes ménopausées, une activité physique insuffisante (et donc souvent plus de temps assis) a été liée à un sur-risque de cancer de l’endomètre selon certaines études. Les mécanismes précis expliquant ce lien restent débattus et pourraient impliquer la prise de poids, des déséquilibres hormonaux ou une inflammation chronique induits par la sédentarité. Quoi qu’il en soit, ce constat inquiétant fournit une raison supplémentaire de limiter le temps passé en position assise au quotidien.
Un danger silencieux pour la santé des femmes
En conclusion, rester assise trop longtemps constitue un véritable danger silencieux pour la santé des femmes à long terme. La posture assise prolongée agit comme un facteur de risque à multiples facettes : elle contribue à l’apparition de troubles musculo-squelettiques, favorise les maladies cardio-métaboliques (diabète, maladies cardiaques), affecte la santé mentale, et augmente même le risque de cancers. Pris isolément, chacun de ces effets est préoccupant ; combinés, ils expliquent pourquoi la sédentarité est aujourd’hui considérée comme un fléau moderne. Des experts rappellent que la position assise prolongée peut avoir des effets très graves sur la santé et le bien-être général si rien n’est fait pour l’enrayer. Il est donc crucial d’en prendre conscience afin d’adopter, autant que possible, un mode de vie plus actif au quotidien – même s’il ne s’agit que de petites interruptions régulières de la position assise. Votre santé future en dépend directement.
Sources :
Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité, de l’ANSES, de l’INRS